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Emmanuel Legeard

® Strength and nutrition

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Courir : Aspect biomecanique par Marc Vouillot


Marc Vouillot est l'un des meilleurs spécialistes mondiaux de la préparation physique de force. Il enseigne dans le cadre de la formation aux brevets et aux diplômes d'Etat au sein des CREPS de Talence et de Montpellier.

Acquérir une biomécanique de course efficace est nécessaire pour atteindre les trois objectifs suivants : La description d’une foulée de course, l’analyse des phénomènes biomécaniques mis en jeu et la comparaison de deux styles de foulée vont nous permettre de comprendre comment un bon geste technique, en tirant pleinement profit de l’élasticité des structures musculo-tendineuses impliquées, autorise une grande efficacité et un haut rendement mécanique de la foulée.

Description d’une foulée de course

Une foulée se décompose classiquement en une phase d’appui et une phase de suspension. La phase d’appui correspond au temps où le pied du coureur est en contact avec le sol et elle se divise en trois phases : Analyse des phénomènes biomécaniques

La description fonctionnelle de la foulée va nous permettre d’expliquer comment la phase initiale de l’appui, l’amortissement, qui paraît a priori comme une phase freinatrice, conditionne le rendement énergétique et l’efficacité de la course.

A chaque fois qu’il touche le sol, le corps d’un coureur se comporte comme un ressort capable de recevoir et de restituer de l’énergie. En effet, le coureur, masse en mouvement, possède une énergie cinétique dont il envoie une partie au sol à chaque appui. Le sol lui restitue à son tour une partie de cette énergie (force de réaction au sol), énergie que le corps est capable, tel un ressort, d’emmagasiner et de restituer.

La phase d’amortissement devient la phase de compression du ressort corporel. Cette pression s’applique à tout le corps, mais c’est au niveau des membres inférieurs qu’elle est la plus difficile à contenir. Elle tend à plier le membre, fermant la cuisse sur la jambe, réduisant l’angle du genou et étalant le pied au sol.

L’action des muscles, et plus particulièrement du quadriceps, permet de contrecarrer cette tendance à l’affaissement. La longueur des muscles s’accroît, leurs insertions s’éloignent, la tension qui s’exerce sur eux par l’intermédiaire des tendons augmente.

Cette mise en tension avec augmentation de la longueur initiale des fibres représente une contraction excentrique. C’est cette mise en tension globale des structures contractiles et élastiques qui permet d’emmagasiner de l’énergie avant de la restituer dans la contraction concentrique qui suit (plyométrie, réflexe myotatique + composantes élastiques du muscle).

L’efficacité de l’ensemble de ce mécanisme suppose le respect de certains principes : En atterrissant sur le talon, c’est un os que l’on met au contact du sol sans créer aucun bras de levier. L’énergie ne peut alors se transmettre, via les structures osseuses, que sous forme d’ondes de choc inefficaces et douloureuses pour tout le corps.

Comparaison de deux grands types de foulée

Dans le cycle arrière, l’essentiel du mouvement aérien du membre inférieur se fait derrière le corps, alors que dans le cycle avant, le membre, dès qu’il quitte le sol revient rapidement sous la fesse puis vers l’avant. L’analyse phase par phase va nous montrer les conséquences biomécaniques de ces différences de style.

La prise de contact avec le sol

Cycle arrière
Cycle arrière : jambe « en retard », pied arrivant précipitamment de l’arrière et du haut, venant frapper le sol, souvent avec le talon, dans le sens inverse au mouvement (le pied avance dans la chaussure). Le coureur est freiné, les éléments élastiques ne peuvent jouer leur rôle de ressort, l’énergie est dispersée dans le corps. Le membre inférieur est fléchi, le bassin en antéversion.


Cycle avant
Cycle avant : le pied entre en contact avec le sol en plante. Il a un mouvement d’avant en arrière « griffé », réduisant considérablement le freinage (le pied recule dans la chaussure). Le membre inférieur est tendu, le bassin est haut et placé (neutre), la mise en tension des structures élastiques est grandement favorisée.


La phase de soutien

Cycle arrière
Cycle arrière : le pied, passif, s’aplatit au sol, permettant la fermeture de l’angle de la cheville. Le membre porteur est en flexion, le genou se plie. L’athlète a tendance à s’affaisser, il ne résiste pas à la déformation, l’énergie se disperse. Le membre libre est encore en arrière du membre porteur, dans un mouvement vers l’avant et vers le bas qui alourdit le coureur. La bascule du bassin en antéversion s’accentue.


Cycle avant
Cycle avant : Le pied est en appui sur la plante, le membre porteur en légère flexion, mais solide, les articulations fermement tenues par la contraction musculaire, résistant ainsi à l’affaissement. La cuisse du membre libre est en avant du membre porteur dans un mouvement ascendant diminuant la charge, le bassin est haut et placé (neutre). La mise en réserve de l’énergie élastique est favorisée, la qualité du renvoi déjà préparé (allégement, temps court au sol).


La poussée

Cycle arrière
Cycle arrière : la poussée est complète mais le membre libre n’a pas encore atteint son niveau le plus haut.


Cycle avant
Cycle avant : la jambe de poussée peut ne pas être complètement dans le prolongement de la cuisse, le membre libre est déjà prêt à engager son mouvement de retour vers le sol.

Les deux styles de course précédemment analysés ne représentent évidemment que des modèles généraux. Il appartiendra donc à chacun de trouver le bon compromis afin d’en tirer le meilleur bénéfice et d’éviter ou minimiser les risques traumatiques (une préparation physique peut-être également envisagée afin de compenser certaines faiblesses, notamment en matière de gainage et de puissance musculaire).


Revue Scientifique de Préparation Physique, 2014, Vol. 1, N°1, pp. 5-12
ISSN 2297-234X

Emmanuel Legeard

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